Cinéma: « Peter von Kant », le huis clos brillant et troublant de François Ozon

Cinéma: « Peter von Kant », le huis clos brillant et troublant de François Ozon

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C’est presque un retour aux sources pour François Ozon. Plus de 20 ans après Gouttes d’eau sur Pierres brûlantes, son troisième long-métrage, le cinéaste français s’attaque à nouveau à l’oeuvre de Rainer Werner Fassbinder, dont il est un grand admirateur. Son tout dernier film, Peter von Kant est une adaptation de la pièce Les larmes amères de Petra von Kant que l’auteur réalisateur allemand avait lui-même porté à l’écran en 1972.

Petra est devenue Peter

Sous la caméra de François Ozon, le texte a été resserré et la plupart des personnages ont changé de genre. Petra von Kant devient Peter et la créatrice de mode devient réalisateur. Une manière pour le réalisateur français de se rapprocher de son sujet, et de donner corps à ce qui fut l’inspiration initiale du film: la relation houleuse entre Fassbinder et l’un de ses acteurs fétiche, Günther Kaufmann.

L’histoire: Le réalisateur à succès Peter von Kant passe ses journées chez lui avec son assistant Karl, qu’il utilise et martyrise en permanence. Un jour, son amie Sidonie, chanteuse et actrice, lui présente Amir, un jeune homme beau et troublant. Il en tombe éperdument amoureux et entreprend immédiatement de le séduire.

Dans ce huis clos qui se déroule dans son appartement, Peter semble diriger tout son monde à la baguette. Mais la roue finit par tourner. A moins que ce ne soit lui qui ait été manipulé dès le départ? Ozon a adouci quelque peu la dureté et le pessimisme du film de Fassbinder, mais il est resté fidèle à la vision du cinéaste allemand où l’amour et les rapports de domination sont intimement mêlés.

Casting superbe

Il est aidé en cela par l’un de ces castings superbes dont il a le secret. Tantôt ogre, tantôt petit garçon perdu, Peter est incarné avec brio par Denis Ménochet, qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur Dans la maison et Grâce à Dieu. Face à lui, Khalil Garbia apporte sa beauté et sa sensualité au rôle d’Amir, sous le regard et la moustache de l’excellent Stéfan Crépon, qui joue Karl, le mystérieux assistant de Peter, qui n’a aucune réplique dans le film.

Isabelle Adjani se glisse avec gourmandise dans la peau de Sidonie, actrice et chanteuse à l’allure de star hollywoodienne. Ozon lui fait chanter une version allemande de Each man kills the thing he loves, que Jeanne Moreau chantait dans Querelle, le dernier film de Fassbinder. La très attendue rencontre Ozon / Adjani ne déçoit donc pas!

Les admirateurs de Fassbinder — et les cinéphiles en général — seront sans doute ravis de retrouver Hanna Schygulla, qui incarnait Karin, la jeune femme dont s’éprenait Petra dans le film de 1972. Elle incarne ici la mère de Peter, égoïste, mais, quand il le faut, tendre. Enfin, Aminthe Audiard vient compléter le casting comme fille de Peter.

Verdict: Peter von Kant est indéniablement l’un des films les plus excitants et les plus réussis de François Ozon. Il a le mérite en outre de nous inviter à découvrir ou redécouvrir l’oeuvre fascinante de Rainer Werner Fassbinder.

Voir la bande-annonce de Peter von Kant:

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