Trois questions à… Homo Micro: « Le podcast n’a pas tué la radio, il lui a redonné du sens. »
Voilà quinze ans que Brahim Naït-Balk anime tous les lundis sur Fréquence Paris Plurielle l’émission Homo Micro. Entouré d’une équipe de chroniqueurs, il reçoit chaque semaine celles et ceux qui font vivre la culture ou les combats militants LGBT+. Grâce à l’explosion des podcasts, l’émission connaît un regain de popularité, à tel point que son équipe a annoncé avoir atteint les 10 000 écoutes mensuelles de l’émission via la diffusion en ligne. Ce qui n’est pas rien.
Nous en avons donc profité pour faire le point avec Antoine de Andrade, réalisateur et chargé de communication (il anime aussi le podcast Garçons) et Brahim Naït-Balk, animateur et producteur de l’émission.
Vous avez annoncé que Homomicro a atteint les 10 000 écoutes mensuelles du podcast. Qu’est ce que ça représente pour vous?
10 000 écoutes, c’est symbolique ! Une telle annonce est avant tout l’occasion de marquer le coup, de remercier nos auditeur.ice.s, nos abonné.es sur les réseaux sociaux mais aussi toute l’équipe de chroniqueur.se.s bénévoles qui fait vivre l’émission chaque semaine. Homo Micro est conçue indépendamment des chiffres, avec beaucoup d’humilité. Elle n’a pas besoin de résultats pour exister, et ça dure depuis 15 ans !
L’émission a été créée en 2004. Que retenez-vous de ces quinze ans?
15 ans, c’est le bon moment pour faire un bilan, surtout après le boom du podcast en France. Il est difficile de retenir quelque chose en particulier quand on rencontre, chaque semaine, des personnalités riches d’un parcours unique, d’une expertise particulière ; des passionnés qui ont à coeur de mettre en valeur l’histoire et les cultures queer ; des militants qui luttent pour le respect des droits des personnes LGBTQI+. Chaque lundi, nous vivons le moment présent une heure durant, à l’antenne, après quoi nous nous projetons immédiatement dans les émissions suivantes parce que c’est beaucoup de travail d’organiser et d’assurer une émission en direct chaque semaine. Ce que nous retenons, néanmoins, c’est beaucoup de gratitude envers celles et ceux qui accompagnent Brahim depuis toutes ces années dans les studios de Fréquence Paris Plurielle, qui nous accueille et permet de faire exister un média LGBTQI+ libre et indépendant.
Pour nous, aujourd’hui, la question du souvenir se pose autrement. 15 ans d’actualités et de chroniques hebdomadaires, ça représente plusieurs centaines d’heures d’enregistrements et ce sont des documents précieux qu’il est nécessaire d’archiver pour garder une trace et les rendre accessibles. Grâce aux outils numériques, nous avons l’opportunité de le faire facilement ! L’actualité et les droits des personnes LGBTQI+ ont beaucoup évolués depuis 2004 et Homo Micro porte ce un témoignage qui, nous l’espérons, permettra de retenir quelque chose de l’époque.
Le nom même de l’émission porte la trace de toute notre Histoire récente. En 2004, HOMO se distinguait d’HETERO et c’était déjà beaucoup. Aujourd’hui, il serait impensable d’ignorer les autres couleurs du spectre et de rester « homo-centré ». C’est ça, l’avenir de l’émission et notre devoir en tant que média : garantir la visibilité des personnes dans leur diversité (gay, lesbienne, bi, pan, trans, inter, queer) et s’appliquer à nommer et à alerter contre les violences qu’elles subissent.
Comment voyez-vous l’évolution de l’émission à l’heure où les podcasts ont le vent en poupe?
Ce qui nous rapproche des podcasts dits « natifs », c’est justement cette liberté et cette indépendance. Homo Micro met en ligne ses émissions depuis 2015 et nous demeurons libres de faire évoluer le format de l’émission si nécessaire. Les audiences évoquées précédemment ne sont qu’un indicatif. Le marché du podcast n’est pas encore tout à fait mûr, les chiffres ne sont pas transparents, les écoutes ne sont pas monétisées, on doit s’attendre à beaucoup d’évolutions dans les années à venir.
Par ailleurs, cette saison est et sera marquée par de nombreuses évolutions. Il est essentiel pour Homo Micro d’exister sans nier qui nous sommes, c’est à dire une bonne vieille émission de radio ! On ne cherche pas à faire « podcast » parce que ce n’est pas dans l’ADN de l’émission. Pour autant, nous avons restructuré notre présence sur les plateformes de streaming et les réseaux sociaux afin d’être visibles et de sensibiliser davantage d’auditeurs aux sujets que nous traitons. Ce qui ne change pas, c’est la vocation de l’émission : informer, alerter et lutter contre les LGBTQI-phobies. L’écriture d’Homo Micro n’en demeure pas moins mouvante parce qu’il faut sans cesse se demander à quoi sert une émission de radio et à qui l’on s’adresse ; parce que l’équipe se renouvelle chaque année et que de nouvelles dynamiques émergent.
Les émissions de radio n’ont pas besoin de ressembler aux podcasts pour continuer d’exister.
Le podcast n’a pas tué la radio, il lui a redonné du sens.
Pour écouter l’émission, tous les liens sont sur le site d’Homo Micro