Partager nos histoires de résilience, d’amour et de résistance n’a jamais été aussi important
Trois mois après l’élection de Donald Trump comme président des Etats-Unis, je me suis retrouvé sur une scène de fortune dans une ancienne pharmacie pourrie de West L.A. Je m’apprêtais à faire quelque chose d’inédit pour moi: parler de mon coming-out devant une centaine de personnes.
Ils étaient venus écouter un monologue que j’avais préparé sur mon enfance dans une petite ville de l’Etat de New York, les églises évangéliques où je me rendais et mon choix d’une université chrétienne. Cette période de ma vie a été déprimante et traumatisante, mais elle l’a donné en fin de compte les outils dont j’avais besoin pour m’accepter, parler de mon homosexualité à mes amis et ma famille et enfin réimaginer Dieu.
En me préparant pour cette performance, j’ai douté de l’intérêt de mon histoire. Je me suis demandé qui cela pouvait bien intéresser. « C’est une histoire tellement particulière », me suis-je dit. « Peu de gens peuvent s’identifier à elle. Et quand on est à Los Angeles, personne n’a envie d’entendre ce type de récit. »
Je ne m’attendais pas à toutes celles et tous ceux qui sont venu.e.s me dire après qu’ils avaient besoin de l’entendre. Des gays de tous âges, mais aussi des femmes dans la fleur de l’âge, des grand-mères de 70 ans venues discuter de théologie, des couples hétéros avec des parents missionnaires, une soeur se demandant si son petit frère est gay, une jeune musulmane qui y a trouvé un écho à sa propre vie.
Cette vérité — que des gens avaient besoin d’entendre mon histoire tout autant que moi j’avais besoin de la raconter — n’avait pas traversé mon esprit égocentrique et inquiet. Et c’est une vérité que l’on a caché à beaucoup de personnes LGBT afin de nous empêcher de raconter nos histoires.
Si nos histoires ne sont pas racontées, elles ne sont pas entendues, nous restons inconnus et on prive le monde d’être transformé par l’exemple de notre résilience, de notre beauté, de notre amour et de notre liberté.
J’ai lu récemment un texte qu’Oscar Wilde a écrit quelques années avant sa condamnation. Depuis l’année 1891, Oscar Wilde m’a dit « Connais-toi toi-même » était écrit sur le portail du monde ancien. Qu’il soit écrit « Sois toi-même » sur le portail du monde nouveau. »
Dans le texte de Wilde, un autre extrait m’a frappé: « La désobéissance, dans le regard de quiconque a lu l’Histoire, est la vertu originelle de l’Homme. C’est à travers la désobéissance qu’on fait le progrès, à travers la désobéissance et la rébellion. »
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien entre ces deux extraits et les réalités des personnes LGBT.
Nous devons travailler dur, certains plus que d’autre, pour savoir et être qui nous sommes. Le monde entier est construit sur la notion que nos véritables identités sont fausses et que si nous l’exprimons — si nous l’autorisons à se montrer — nous en paierons le prix.
Et donc, quand nous franchissons cette étape, quand nous transformons ce que nous savons être en ce que nous sommes, nous désobéissons. Nous ne rebellons. Ce faisant, nous faisons progresser tous les être humains, en reconnaissant ce que nous sommes.
Et ce que nous sommes, c’est une histoire. C’est pourquoi nous devons la raconter.
Nous devons partager nos histoire d’abord et surtout pour nous-mêmes, pour notre propre liberté. Ensuite, nous devons les partager pour la liberté des autres. Nous devons partager nos histoire pour ceux qui ne peuvent pas s’exprimer et raconter la leur. Nous devons les partager pour ceux qui ne savent pas encore qu’ils ont besoin de l’entendre et pour ceux qui selon nous ne l’écouteront pas. Nous devons partager nos histoires pour ceux qui ont peur de nous ou qui aimeraient que nous n’existions pas — parce que parfois ce sont eux qui ont leur plus besoin d’entendre et de voir nos histoires.
Nous devons partager nos histoire quel qu’en soit le coût, car le coût de ne pas les dire est plus important.
Nous avons la chance de vivre à une époque où, par rapport à notre histoire, il y a plus d’intérêt et d’empathie que ce que nous vivons. Une plus grande visibilité et une technologie avancée rendent nos histoires plus faciles à dire qu’avant. Moonlight a gagné un Oscar, Pose a immédiatement trouvé sa juste place dans l’histoire, de jeunes gays deviennent célèbres en racontant leur vie sur Youtube et des millions d’entre nous partagent leur relations sur Instagram.
Il nous reste toujours des défis à affronter. Les lois qui veulent augmenter la censure sur internet, ce qui toucherait considérablement les personnes LGBT. La violence contre les personnes trans ne cesse d’augmenter, année après année. Les régimes de haine qui nous oppriment de toutes les manières possibles ne tomberont pas facilement.
Nous devrons continuer à nous battre pour que notre existence soit reconnue et respectée et l’un des meilleurs moyens d’y parvenir, c’est de lever une armée d’histoires, écrites ou visuelles.
C’
C’est tout le sens de la campagne #HornetTrueColors. La colorisation des vieilles photos dans la vidéo ci-dessus redonne de la vie à l’Histoire de même que partager nos histoires individuelles nous connecter avec ceux qui nous ont précédé — celles et ceux qui en se connaissant eux-mêmes, en étant eux-mêmes et en partageant leurs histoires nous ont donné toutes les avancées dont nous bénéficions aujourd’hui.
A Hornet, nous vous invitons à désobéir. A vous rebeller. Et à ajouter des couleurs comme vous seuls pouvez le faire à une toute une armée d’histoires LGBT.
Pour la campagne #HornetTrueColors, partagez votre histoire.
Rendez-vous sur hornet.com/truecolors, chargez une image et partagez votre histoire de résilience d’amour et de résistance avec le monde.