Ce photographe bouscule notre vision de la masculinité noire à grands coups de paillettes
Quil Lemons, un photographe de Philadelphie âgé de vingt ans, a récemment publié une série de photos intitulée Glitterboy. Elles représentent ses amis masculins, des traces de paillettes sur le visage. Le projet s’inspire du clip de la chanson Nikes de Frank Ocean, dans lequel le rappeur bisexuel apparaît avec des paillettes sur le visage. Les photos de Lemons sont une façon d’interroger la façon dont la société perçoit la masculinité noire.
Pour lui, le maquillage n’est pas quelque chose de masculin ou de féminin. « C’est la société qui en fait un produit genré« , a-t-il déclaré, « et c’est ça qui est bizarre« .
Il a raison, bien sûr. Maybelline et L’Oréal viennent tout juste d’engager pour leurs lignes de cosmétiques des portes-paroles hommes. Preuve peut-être que la nouvelle génération est prête à remettre en cause les conceptions traditionnelles de la beauté masculine.
Quil Lemons © Allure
« Je voulais secouer le cocotier« , explique Quil Lemons. « La société n’a qu’une image figée de ce que cela signifie d’être un homme noir. On devrait pouvoir célébrer notre féminité et nos différentes facettes« .
Durant cinq mois, Quil Lemons a pris en photo ses amis devant un fond rose à l’Université privée The New School, à New York. On peut désormais admirer son travail sur la façade de l’entreprise de partage de photos 500px à Toronto.
Ses photos ont été publiées seulement deux ans après la sortie en salle de Moonlight, qui est peut-être le premier film grand public montrant une tendresse entre des hommes noirs.
Moonlight est adapté d’une pièce intitulée In Moonlight Black Boys Look Blue (« Au clair de lune, les garçons noirs ont l’air bleu/triste« ), mais les photos de Quil Lemons montrent combien à la lumière du jour, les garçons noirs ont l’air magnifique. Chaque portrait dévoile une personnalité étincelante, même quand les visages expriment la tristesse ou le calme.
Quil Lemons a choisi les paillettes parce que, contrairement au maquillage, elles ne nécessitent pas de trouver la teinte adaptée à chaque couleur de peau. Et si la série Glitterboy ne représente que des hommes noirs, c’est parce que le jeune photographe estime que la société ne permet pas à ceux-ci de jouer avec les différentes formes d’expression du genre de la même façon que les hommes blancs.
« J’ai l’impression que la vision de la masculinité noire est toujours très monolithique« , poursuit-il. « On est enfermés dans des boîtes et des stéréotypes : le gangster, le macho qui ne ressent rien… En fait, il n’existe pas de définition de la masculinité noire. On est simplement noirs, et on peut l’exprimer comme bon nous semble« .
Quil Lemons ne veut pas révéler l’orientation sexuelle de ses modèles. En fait, il demande plutôt aux spectateurs de se s’interroger : pourquoi un homme noir avec des paillettes sur le visage leur paraît automatiquement être gay ?
« J’ai l’impression que la masculinité est une sorte de prison« , explique Lemons. « On nous dit qu’il n’y a que certaines façons d’être un homme. Si vous exprimez votre féminité, même de la manière la plus anodine, vous êtes tout de suite perçu comme gay. Il n’y a rien de mal à être perçu ainsi, mais on peut très bien être masculin et gay, ou féminin et hétéro. Aujourd’hui, nous avons plus de liberté pour jouer avec la fluidité de genre. Beaucoup de choses ont changé et ce projet se veut une invitation à être vous-même« .
Dans cette vidéo, Quil Lemons parle du projet Glitterboy :