On vous dit tout (et même un peu plus) sur la quatrième semaine LGBT chinoise à Paris

On vous dit tout (et même un peu plus) sur la quatrième semaine LGBT chinoise à Paris

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La quatrième semaine LGBT chinoise à Paris se déroulera du 1er au 16 février. La date n’est pas choisie au hasard: la fin du festival coïncide avec le Nouvel An Chinois. Le 16 février, on entrera officiellement dans l’année du chien.

Rencontres, débats, projections, soirées, la semaine LGBT chinoise, créée en 2015, propose une foule d’événements pour tenter de faire connaître la culture chinoise aux gays, lesbiennes, bis et trans de Paris.

« Nous essayons de nous renouveler », affirme Yu Zhou (ci-dessous), l’un des fondateurs et organisateurs de l’événement. Il y a aura notamment un débat sur les couples franco-chinois, où l’on donnera des pistes pour surmonter les éventuelles difficultés légales et/ou culturelles. Hornet participera à un débat intitulé « Les rencontres entre hommes, ou le bonheur dans les applis ? », le jeudi 8 février 2018 à 19h à la mairie du IVè. Hornet sponsorise également la soirée Crazy Dog Year’s Party au Gibus, organisée par les soirées Suck My Beat et AZN Party, où l’on pourra assister à une performance de Pangina Heals, la co-animatrice de RuPaul’s Drag Race Thaïlande.

Yu Zhou – Photo: Xavier Héraud

Arrivé en France il y a 17 ans pour ses études, Yu Zhou a choisi de rester en France. « Chaque année, il y a 50 000 nouveaux étudiants chinois qui viennent faire leurs études en France. Parmi ces étudiants, le taux de personnes LGBT est sans doute plus élevé que dans la population générale. Ils et elles viennent pour vivre leur homosexualité plus librement à l’étranger », explique-t-il.

« Le gouvernement chinois se montre de plus en plus strict »

Selon lui, « le gouvernement chinois se montre de plus en plus strict sur la question de l’homosexualité dans les médias, sur les réseaux sociaux ». En cause, entre autres, la diffusion de la série Addicted, qui mettait en scène deux adolescents qui tombaient amoureux l’un de l’autre. La série a été interrompue, et interdite. Les deux comédiens principaux n’ont plus le droit d’apparaître à l’écran.

Nous avons interrogé des gays chinois ou d’origine chinoise vivant à Paris.

Wensen, 39 ans, a grandi dans la province de Canton, dans le sud de la Chine. Arrivé en 2005 pour étudier, il est resté par amour, après avoir rencontré en 2008 le compagnon avec qui il est toujours.

Pour Yu Zhou, « les gays chinois en France rencontrent les mêmes difficultés que tous les immigrés: barrière de la langue, difficulté à trouver un emploi et un logement ».

Wensen s’en sort bien et il a de bonnes relations avec sa famille, ce qui n’est pas toujours le cas pour les gays chinois ou d’origine chinoise.

« Je suis l’enfant unique, donc pour mes parents, mon coming-out a été dur »

« Pour ma famille, je suis l’enfant unique, donc quand j’ai fait mon coming-out en 2015, c’était très dur pour mes parents, se souvient-il. Mais ils ont fini par accepter ma façon de vivre et aussi mon compagnon. C’est difficile pour eux de comprendre mais au mois ils me respectent. Je suis content. »

Le seul problème confie-t-il, c’est « le fait que je ne peux pas avoir un enfant ». Mais c’est en projet, avec son compagnon…

« C’est difficile de faire son coming-out vis à vis de la famille en Chine ou de l’entourage amical et/ou professionnel en France », confirme Yu Zhou.

Loick est né en France, de parents « chinois du Cambodge » (« métissage de culture asiatique : vietnamienne-chinoise de ma mère, cambodgienne-chinoise de mon père; les 2 étant nés au Cambodge », précise-t-il.) Il dit avoir du mal avec la démonstration d’affection en public. « J’ai grandi avec en tête l’avis de ma mère qui disait de l’homosexualité: « c’est contre-nature, je me demande comment ça peut exister. C’est une maladie, il faut que j’en parle à mon docteur ».

Chez certains amis aussi: « J’ai été hébergé par une amie qui est mère de famille. Quand son fils a su que je viendrai « accompagné » et que deux hommes dormiraient dans le même lit, il a préféré dormir ailleurs. » »

Dans la communauté gay, Loick rencontre parfois des préjugés sur les asiatiques: « Ce qui me vient en tête lorsque l’on parle de préjugés « contre » les homos d’origine chinoise, c’est que j’ai en horreur lorsque certaines personnes — dans une approche de séduction — en viennent à me dire qu’elles « adooorent » les asiatiques car ils sont dociles ou alors qu’ils ont la peau imberbe et douce. Je tiens avant toute chose à ce que la personne s’intéresse à qui je suis plutôt qu’à mes origines. Pour la précision, l’attirance physique a son importance mais les personnes ne jurant que par une ethnie ont le don de me faire fuir ! »

D’autres, au contraire, n’hésitent pas à afficher « No asiat » sur les applis de rencontre, comme l’évoquait cet article de Têtu. Une attitude dénoncée, par la drag-queen Kim Chi et la chanson « Fat, fem and asian » sur laquelle elle a lipsyncé lors de la finale de RuPaul’s Drag Race saison 9.

En dehors de la semaine LGBT Chinoise à Paris, une association comme le Long Yang Club et une soirée comme l’AZN Party mettent en place des espaces d’accueil pour les personnes LGBT d’origine asiatique.

Wensen avoue ne pas fréquente pas les soirées gay asiatiques, mais va sur un forum de gays chinois où chacun peut raconter ses expériences.

Yu Zhou aimerait créer une semaine LGBT Française en Chine, mais ce n’est pas gagné. « Nous avons rencontré l’ambassade française pour cela. Mais il y a beaucoup d’obstacles et de contraintes. » Il se veut néanmoins optimistes. « C’est une question de génération. Les jeunes sont beaucoup plus ouverts sur la question de l’homosexualité », veut-il croire.

Photo de une via istockphoto

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